Des données à l’action : comment l’administration chargée de l’enseignement zurichoise transforme les chiffres en changement

Comme l’a expliqué Sybille Bayard, les administrations chargées de l’enseignement font aujourd’hui face à une pression croissante : elles doivent légitimer leurs actions sur la base de données. Pourtant, la gestion des données reste complexe. Beaucoup d’administrations hésitent à les exploiter pleinement en raison de la crainte d’interprétations erronées, de préoccupations liées à la protection des données ou encore de tensions politiques, freinant ainsi leur potentiel transformateur.

Pour surmonter ces obstacles, Bayard a identifié quatre conditions essentielles au bon usage des données. Premièrement, disposer de bases solides : une vision claire des données disponibles et un cadre juridique fiable. Deuxièmement, instaurer un engagement partagé entre administration et sphère politique, notamment à travers des exemples positifs et une montée en compétences ciblée. Troisièmement, assurer une communication claire et adaptée aux différents publics pour rendre les données accessibles et utiles. Enfin, les données doivent être intégrées dès le départ dans des processus concrets, en impliquant les acteurs concernés dans un dialogue permanent.

Illustrations concrètes à Zurich : quand les données deviennent leviers de changement

Pour illustrer ces principes, Sybille Bayard a partagé deux expériences concrètes issues du canton de Zurich, démontrant comment les données peuvent initier des débats politiques et déboucher sur des mesures concrètes.

Analyse approfondie des tests nationaux : rendre visibles les inégalités

L’évaluation des compétences fondamentales (COFO), menée pour la première fois en 2016 en mathématiques en 9e année, a révélé que les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés réussissaient moins bien dans le canton de Zurich que dans d’autres cantons.

Pour mieux comprendre ce phénomène, la Direction de l’enseignement obligatoire du canton de Zurich a lancé, avec cinq autres cantons, une analyse approfondie. Celle-ci a mis en lumière une forte polarisation sociale dans le canton, accentuée par une ségrégation géographique marquée. Conséquence : les écoles zurichoises sont moins mixtes socialement, ce qui nuit à l’égalité des chances.

Cet exemple montre comment des analyses fondées sur les données peuvent faire émerger des problématiques souvent invisibles et ouvrir la voie à des discussions politiques constructives.

Plus d'informations: https://www.zh.ch/de/bildung/bil...

Les résultats ont montré l'importance des mesures prises jusqu'à présent. Ils ont en outre permis de lancer la discussion sur des mesures plus poussées.

Dr. Sybille Bayard

Cheffe de la planification à la Direction de l’enseignement obligatoire du canton de Zurich

Le rapport sur le jardin d’enfants : un tremplin vers des décisions politiques

Autre exemple marquant : le rapport sur le jardin d’enfants du canton de Zurich. En 2017, la Direction de l’enseignement obligatoire a lancé une analyse approfondie combinant données statistiques, entretiens avec les parties prenantes et étude externe sur le quotidien dans les établissements.

Après plusieurs années de travail, le rapport a été publié en 2019. Peu après, les salaires des enseignant·e·s de l’école enfantine et des enseignant·e·s spécialisé·e·s ont été augmentés – une décision politique directement inspirée par ce rapport.

Cette réussite n’est toutefois pas uniquement due aux données. C’est l’accompagnement stratégique du processus, avec des réunions régulières entre l’administration, les parties prenantes et les responsables politiques, qui a permis d’identifier ensemble les priorités et de préparer les décisions.

Ce cas souligne l’importance d’un pilotage stratégique sur le long terme et d’un dialogue constant pour faire des données un véritable moteur de changement.

Plus d'informations: https://www.zh.ch/de/bildung/b...

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Des leçons pour d’autres administrations

Entre la collecte de données et l’action politique, il existe un véritable parcours. Lors de son intervention, Sybille Bayard a montré avec clarté comment ce chemin peut être structuré : en misant sur des processus bien définis, un dialogue actif et l’implication des parties concernées. Il faut aussi avoir le courage de rendre les données accessibles et compréhensibles, même si cela implique des incertitudes ou des débats politiques longs.

Les exemples zurichois le montrent : lorsque les données sont utilisées de manière stratégique et discutées collectivement, elles permettent de dégager des axes d’action clairs – et de faire évoluer les politiques de manière durable.

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Pour celles et ceux qui auraient manqué le webinaire de Dr. Sybille Bayard, l’enregistrement est disponible en ligne. Elle y présente également deux autres exemples pratiques montrant comment les données peuvent devenir le point de départ de discussions et de transformations politiques.